PRÉSENTATION

Le projet mené par Mounia Raoui au sein de Toutes nos histoires peut être vu comme un grand chantier de recherche, à l’instar du nom donné aux actions culturelles de la compagnie. C’est un geste partant de l’intérieur. Celui d’une auteure, metteuse en scène et interprète qui part de son propre cas pour parler du monde, avec le léger décalage vis-à-vis de la société qui est celui de l’artiste. Dans Le dernier jour où j’étais petite, sa pièce-manifeste, Mounia se tient en équilibre entre la société et sa périphérie. Elle fait le pont entre différents mondes mais échappe à chacun d’entre eux.

« Je travaille à ma métamorphose pour que tu puisses en faire autant », écrit Mounia Raoui. Dans ses textes s’exprime une subjectivité universelle. Inlassablement, les métaphores qui parsèment son écriture travaillent au fond cette même idée, comme dans une quête obstinée, mais d’une manière toujours différente. Soi est un prisme à travers lequel examiner l’autre, et Mounia se porte volontaire pour cette autopsie.

Comment réinventer la vie à partir de ce qui est déjà là pour soi, préhensible ? La question traverse les créations de Mounia Raoui de la même manière qu’elle détermine le processus d’1C.A.R.N.E, initiative d’actions culturelles invitant à repenser le monde collectivement en partant d’un questionnement introspectif. Dans un cas comme dans l’autre, les mots sont tout entiers employés à saisir une vérité au-delà des discours étroits dans lesquels on corsète les individus.

La compagnie Toutes nos histoires existe par et pour la prose de Mounia Raoui, à la fois ouverte sur tous les horizons — elle ne signe pas des textes à sujet — et tenue, de création en création, par une grande cohérence interne. Autour de celle-ci se déploient des formes multiples, allant du théâtre à la musique : les textes se déclinent en pièces, en concerts et en albums, dans une recherche constante de nouvelles manières de faire résonner la langue.

Une rencontre centrale préside à cette cohabitation du théâtre et de la musique : celle de Mounia et Areski Belkacem, tout à la fois musicien, poète et homme de théâtre. Ensemble, Mounia et Areski parlent un langage qui leur appartient, mais leur dialogue ouvre sur des horizons multiples et poétiques, comme des paysages défilant à la fenêtre d’un train. C’est un échange au long cours, en constante réinvention : Mounia apporte ses mots, Areski son oreille. 

Des visions peuvent nous venir en tête à l’écoute des textes de Mounia Raoui : une marche à contresens de la foule, une maison d’enfance, la solitude douce-amère d’un appartement urbain. Sa prose déploie toute une dramaturgie de la banalité et du quotidien. Toujours aux prises avec le réel, les créations théâtrales et musicales de la compagnie Toutes nos histoires cherchent et trouvent ainsi mille manières poétiques d’habiter le monde.

La compagnie Toutes nos histoires est née en 2017 à Strasbourg. 

Elle est conventionnée par la DRAC Grand Est et la Ville de Strasbourg. Elle est soutenue au titre de l’aide aux projets par la Région Grand Est et la Collectivité européenne d’Alsace.